Les différents exercices pratiqués.
Exercice des attentes : trop souvent, les protagonistes d’une réflexion collective sont indifférents aux attentes de leur public. D’où les déceptions des non rencontres ou la banalité des rencontres de connivence. Dans le Philo-Coaching, elles sont essentielles car elles permettent de situer l’activité face aux espoirs ou à la curiosité de l’individu et par là, elles ouvrent des possibilités d’évaluation de ce qui peut être retiré par le sujet lui-même de tout l’atelier. C’est un point de départ et aussi le critère de l’évaluation du point d’arrivée.
Exercice de la lecture philosophique : la lecture est lecture du texte mais elle est dans notre atelier la lecture d’un sujet qui lit le texte. Il est alors aussi pour lui-même l’objet d’une lecture. Formuler sa lecture correspond à la verbalisation d’une herméneutique dont on a souvent tendance à considérer qu’elle est LE sens du texte. Or, qu’avons-nous appris ? Qu’un texte de philosophie porte un sens qui exclut l’être du lecteur. Ce qui contraint le lecteur à s’imaginer porteur de la thèse officielle. Comment dans ce cas donner sa valeur à une lecture subjective si ce n’est en premier lieu la faire exister avec celle des autres ? Sa simple cohabitation nous ramène au fait indiscutable qu’un texte fait exister DES lecteurs. Leibniz a ce soir-là opéré une double création : celle de son texte et celle des résonances de son texte dans l’être des lecteurs.
Exercice de la perception en Coaching : mais ce qui se passe face à un texte, n’est-ce point au fond ce qui se passe dans l’existence quand nous nous livrons au regard d’un modeste dessin ? De ces cercles contemplés, à la sucette imaginée ou au mexicain qui pêche, ce sont les individus qui existent dans une projection, celle de leurs désirs, pensées, histoires et expériences sur l’acte de perception sensible. Là encore, comment donner sens à son expérience sans la confronter à celle des autres dans un humble partage où l’écoute à elle-même enseigne et enrichit ? Belle réussite que cette dame qui pour raconter son expérience de l’exercice nous livre une découverte de la plus haute importance : je me suis rendue compte que je ne savais pas écouter les autres…Quel exercice, quelle discipline auraient donc pour mission de nous faire rencontrer une faille dans notre être, de nous mettre sur la voie d’une compétence qui nous manque sans démonstration, cours, ni psychologie cognitive, etc. ?
Exercice du contact : penser n’est souvent que penser. On pense avec son esprit et c’est tout. Dangereuse réduction de l’être à une seule de ses dimensions d’existence. De plus, penser, généralement, c’est penser dans la solitude de son être. Marcher, se tenir par les hanches, se regarder rompt l’habitude du solipsisme de la pensée pure. L’autre existe enfin et le soi de son propre corps est déjà presque là.
Alors, qu’y avait-il de commun dans ces chemins de traverse que le Philo-Coaching fait emprunter aux participants de son atelier ? Toujours, il a fallu dire. Sans modèle, ni maître, ni professeur, seul avec la recherche des mots pour exprimer son intériorité. Toujours, il a fallu laisser place à l’autre, pour son dire, une autre verbalisation comme une verbalisation autre. Toujours il a fallu regarder avec son propre regard sans obligation de voir ce que soi-disant tout le monde voit et laisser place au regard de l’autre comme autre regard. Toujours il a fallu sentir, accepter de se perdre pour avec l’autre ne pas savoir quelle est la bonne direction, ce qu’il faut faire d’un contact, d’un sourire ou d’une air étonné.
Merci donc à vous tous de nous avoir accompagné avec bienveillance dans les risques jubilatoires de nos chemins de traverse.
JOSEFINA GUITTON